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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/321

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amis dont voici la première phrase : « C’est le Parlement qui règne, mais à quatre petites lieues d’ici, trois jeunes gens de très-bonne mais on n’en tiennent pas moins un fort grand état, etc. »




OCTOBRE.

Recherches philosophiques sur les Grecs, par M. de Paw. Deux volumes in-8o. Après avoir considéré d’abord l’état des peuples sauvages et abrutis, tels que les Américains, ensuite celui des nations condamnées à une éternelle médiocrité, telles que les Égyptiens et les Chinois, M. de Paw a cru devoir compléter cette longue suite de discussions relatives à l’histoire naturelle de l’homme par des recherches sur les Grecs, qui portèrent, dit-il, à un tel degré la culture des lettres et des arts que nos regards aiment toujours à se diriger vers ce point du globe qui fut pour nous la source de la lumière.

J’ai souvent pensé, en parcourant le Tableau de Paris de M. Mercier, que, tout imparfait, tout vague à certains égards, tout minutieux à d’autres, qu’était cet ouvrage, si le temps nous en eût conservé un pareil sur Athènes ou sur Rome, il nous serait aujourd’hui d’un prix infini, et je regrettais fort que ces deux capitales de l’ancien monde n’eussent point eu leur Mercier. Les nouvelles Recherches de M. de Paw auraient pu suppléer en grande partie ce qui nous manque à cet égard, si son goût décidé pour le paradoxe ne lui avait pas fait embrasser trop souvent les suppositions les plus hasardées, les vues les plus superficielles, les erreurs les plus grossières. Il n’est aucune autorité qui en impose à son génie ; il ne craint point de soutenir que Plutarque, Thucydide, Xénophon, ont vu tout de travers, et ne respecte pas plus leur témoignage que celui des écrivains modernes qui n’ont pas l’honneur d’être son avis. Il gourmande les siècles passés comme le sien ; il refait toute l’histoire à sa fantaisie, et en relevant sans aucun ménagement les méprises échappées aux autres, il tombe lui-même dans des bévues qu’on pardonnerait à peine à un écolier ; nous n’en citerons qu’un seul exemple qui a déjà mérité l’animadversion de quelques-uns de