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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/328

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— Le samedi 13 septembre, on a donné, sur le Théâtre-Français, la première représentation de Lanval et Viviane, ou les Fées et les Chevaliers, comédie-héroï-féerie, en cinq actes et en vers de dix syllabes, mêlée de chants et de danses, par M. André de Murville, gendre de Mlle Arnould, l’auteur du Rendez-vous du Mari, de Melcour et Verseuil, etc.

Le fond du nouveau drame est tiré d’un ancien fabliau, le Lay de Lanval, traduit en langage moderne par M. Le Grand d’Aussy, et mis en vers par M. Imbert, dans la collection qu’il a intitulée Choix de fabliaux, deux petits volumes in-8o.

Artus, ce roi de la Grande-Bretagne si célèbre dans nos vieux romanciers, tient sa cour plénière ; il prodigue ses largesses à ses chevaliers, mais il oublie Lanval, le plus brave et le plus fidèle de tous. Ce chevalier quitte la cour, et suit le premier chemin pour lequel se décide son coursier. Arrivé dans un vallon, il descend de cheval, s’assied sur l’herbe et rêve à son infortune. L’apparition de deux nymphes le tire bientôt de sa rêverie ; elles l’invitent à les suivre, et le conduisent sous une tente ornée avec autant de luxe que de goût. Le chevalier y voit une femme d’une beauté céleste, qui sourit de la surprise qu’elle lui cause ; elle lui déclare qu’elle l’aime depuis longtemps, et qu’elle veut lui faire un sort digne des plus grands rois. Lanval répond, comme le doit un galant chevalier, à l’amour de la fée Viviane, et jouit de son bonheur jusqu’à l’instant où l’ordre des destins force son amante à se séparer de lui ; elle ne le renvoie qu’après lui avoir donné les moyens de vivre dans l’abondance, et en lui promettant de paraître à ses yeux toutes les fois qu’il prononcera son nom ; mais elle lui annonce en même temps que, s’il se permettait la moindre indiscrétion sur leur amour, il la perdrait pour jamais. Lanval, de retour à la cour du roi Artus, l’éblouit de son éclat. La reine en devint amoureuse, et lui déclara son amour ; non-seulement le chevalier y fut insensible, mais il osa même lui dire


Qui Qu’il n’était point de reine
Qui de sa mie égalât la beauté.


Indignée, et, qui plus est, jalouse, la reine se plaignit à son époux qu’un chevalier déloyal, après l’avoir priée d’amour,