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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/331

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Philadelphie, 1788. Ce sont les deux écrits où le système de la puissance ou des prétentions parlementaires a été attaqué, non pas avec le plus de chaleur, car on sait bien que M. de Condorcet n’en a point, mais avec le plus de force, de haine et d’adresse. Nous ne citerons ici que l’observation générale qui termine le dernier de ces pamphlets.

« Le défaut le plus dangereux pour votre nation, dit le prétendu républicain, n’est pas sa légèreté, aucune n’est plus attachée à ce qui est consacré par le temps… c’est son goût pour l’imitation… Il semble qu’un Français ne puisse exister ni penser seul ; il tient à un corps ou il est d’une secte. Il pense et signe, non ce qu’il croit, mais ce que disent ceux qui ont avec lui certaines qualités communes… Il emploie son esprit, non à connaître ses droits, ses intérêts, ses devoirs, mais à savoir comme il soutiendra ce que l’avis de son ordre ou de sa compagnie lui a prescrit de penser et de croire ; il adopte aujourd’hui, à la suite des gens qu’il méprise au fond du cœur, les mêmes principes qu’hier il tournait en ridicule ; il ne se doutait pas ou il se moquait, il y a deux jours, de l’opinion pour laquelle il jurera demain qu’il est prêt à sacrifier sa vie. »

— Le lundi 13 octobre, on a donné, sur le Théâtre-Italien, la première et dernière représentation de Fanchette, comédie mêlée d’ariettes, paroles de M. Des Fontaines, musique de M. Dalayrac. La fable n’est qu’un mauvais roman chargé d’une multitude de détails, dont la niaiserie ou l’inutilité ne rendent l’intrigue ni plus intéressante ni plus vraisemblable. Les premiers actes ont été écoutés avec une froideur assez tranquille, mais à la fin le public a manifesté vivement son ennui ; il a profité de la permission obligeante que lui donnait l’auteur dans le dernier couplet du vaudeville :


Par écrit juge suprême
Veut nous faire la leçon ;
Venez la faire vous-même,
Nous ne dirons jamais non.


Et la manière dont ce juge suprême a prononcé son avis dispense assurément tous les journalistes de donner le leur.

De la Monarchie prussienne sous Frédéric le Grand, avec un appendice contenant des recherches sur la situation actuelle des