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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/481

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refusons au plaisir de citer davantage. Des détails agréables le sont toujours ; mais ce n’est que dans l’ensemble qui les lie et qui les anime qu’on juge de tout leur effet.




JUIN.

BILLET DE M. DE LAPLACE[1].
À M. LE MARQUIS DE XIMÉNÈS.

AujComme tout change, et surtout à Paris !
AujLes vers jadis étaient vers de marquis.
Aujourd’hui, sans rougir d’une illustre origine,
Hélas ! ils sont bourgeois comme ceux de Racine.

— Le 30 mai, on a donné sur le Théâtre-Italien la première représentation des Savoyards, comédie en un acte, mêlée d’ariettes, paroles de M. de Piis, musique de M. Propiac, déjà connu par celle des Trois Déesses rivales.

Comme le titre de cette pièce semblait promettre une suite, ou du moins un pendant du joli tableau des Deux Petits Savoyards, M. de Piis a eu l’attention de nous faire annoncer par le Journal de Paris que c’était tout autre chose, que le véritable sujet de son drame était la continence du chevalier Bayard, qu’il s’était seulement permis de changer le lieu de la scène, et de la transporter de Bresse en Savoie.

Cette pièce offre de jolis tableaux, quelques traits même d’une gaieté assez originale ; elle n’a cependant obtenu qu’un très faible succès, parce qu’elle a paru trop dépourvue de l’intérêt que le choix du sujet semblait promettre. La manière dont M. de Piis a présenté Bayard, et la conduite qu’il lui fait tenir dans ce drame, est si loin du caractère et des mœurs connues de ce héros, qu’elle paraît ridicule et puérile. L’amour de Maurice pour Jeannette ne douvait guère intéresser davantage ; sa coquetterie est trop niaise ou trop sérieuse. Quant à la musique, quoiqu’elle ne soit pas d’un meilleur style, on l’a trouvée du moins mieux

  1. Ce poète vient d’entrer dans sa quatre-vingt-troisième année. (Meister.)