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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE

PHILOSOPHIQUE ET CRITIQUE



AVRIL.

1er avril 1766.

Le triste évènement qui a privé la France de l’héritier présomptif de sa couronne nous a attiré une foule d’écrits lugubres. Paris n’est occupé depuis trois mois que d’oraisons funèbres, dont aucune n’occupera la postérité[1]. Il serait aussi impossible que superflu de passer en revue tout ce qui a été écrit et imprimé à ce sujet ; il suffit de dire un mot des morceaux qui ont fixé l’attention du public. Le premier est un Portrait de feu monseigneur le Dauphin, dédié au Dauphin son fils, et orné en effet du portrait de ces deux princes. C’est un écrit de quarante pages attribué à M. le marquis de Saint-Mégrin, fils du duc de La Vauguyon, gouverneur des enfants de France. Quelques-uns ont prétendu que c’est un ci-devant soi-disant jésuite, appelé Cérutti, qui a tenu la plume pour en laisser l’honneur à M. de Saint-Mégrin. Si cet éloge est l’ouvrage d’un homme de lettres, il n’y a rien à en dire, parce qu’il n’y a point d’idées ; mais si c’est un jeune homme de la cour qui l’ait écrit à l’age de vingt ans, il mérite beaucoup d’attention par la sagesse et la noblesse de l’élocution, par l’élégance et la grâce du style, par je ne sais quoi de distingué dans

  1. La France littéraire de 1769 donne le titre de vingt-deux Oraisons funèbres du Dauphin. (T.)