Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/139

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hardiesse et de son étendue, mais qui sont certainement indifférentes au bonheur du genre humain, ces découvertes de spéculation me paraissent assez bornées, et je crois qu’il y en a peu dont on ne trouve des vestiges dans les anciens. Je crois aussi avec M.  Dutens que la plupart des idées métaphysiques, les plus saines comme les plus extravagantes, ont passé par la tête de nos ancêtres. Cela prouve que le cercle de nos sottises n’est pas moins borné que le peu de sagesse qui est départi aux hommes. L’anguillard Needham joue un grand rôle dans le livre de M. Dutens ; mais les facéties de M.  le Proposant et de M.  Covelle ont rendu ce pauvre Needham plus célèbre que le rapport que M. de Buffon nous a fait de ses observations microscopiques, et je doute que M.  Dutens puisse ajouter à la réputation de cet illustre faiseur d’anguilles.

Recueil des oraisons funèbres prononcées par M.  l’abbé Le Prévost, chanoine de l’église de Chartres et prédicateur ordinaire du roi. Volume in-12 d’environ quatre cent cinquante pages. On assure que cet abbé Le Prévost, qu’il ne faut pas confondre avec l’auteur de Cléveland et de tant d’autres ouvrages, était un homme fort célèbre à Paris sous la régence, et qu’il a fait plus de trois cents sermons, dont sa petite-nièce, établie à Chartres, a fait un commerce fort lucratif. J’en fais mon compliment à l’oncle et à la nièce ; mais telle est la corruption du siècle qu’il se trouvera cent, mille lecteurs du Cléveland et du Doyen de Killerine, contre un lecteur des sermons ou oraisons funèbres du chanoine de Chartres.

— On vient de traduire du latin les Éléments d’agriculture physique et chimique de M.  Wallerius, célèbre professeur de l’Université d’Upsal. Volume in-8o de plus de deux cents pages. Cette traduction nous vient de Suisse. La Minéralogie de ce savant naturaliste, traduite par M.  le baron d’Holbach, il y a dix ou douze ans, eut beaucoup de succès en France. C’est un préjugé en faveur de ce nouvel ouvrage.

La Cacomonade, histoire politique et morale, traduite de l’allemand du docteur Pangloss[1], est une brochure remplie de sottises et de platitudes, car le goût des obscénités n’empêche

  1. Voir sur cette facétie de Linguet, maintes fois réimprimée, la note de la Bibliographie des ouvrages relatifs à l’amour. Les prétendus statuts de la reine Jeanne y sont reproduits.