Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/19

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Le service qu’on a célébré dans la cathédrale de Paris pour le repos de l’âme de l’infant don Philippe, duc de Parme, nous a procuré son oraison funèbre, prononcée par M.  l’abbé de Beauvais[1]. Ce sujet était beau pour un homme éloquent. L’infant était à la vérité souverain d’un petit État ; mais il s’était appliqué à le rendre heureux ; mais il avait choisi pour ministre un homme d’un mérite éminent, M.  du Tillot, aujourd’hui marquis de Felino ; mais on voyait dans Parme des couvents convertis en manufactures, les arts et l’industrie encouragés de toutes parts ; mais l’infant don Ferdinand recevait une éducation digne d’un prince, sous la conduite de M.  de Kéralio et de M.  l’abbé de Condillac, tandis que son cousin germain, le roi de Naples, était livré aux idiots et aux superstitieux. Il y a dans tout cela certainement de quoi faire l’éloge funèbre d’un prince ; mais ce n’est pas M.  l’abbé de Beauvais qui l’a fait. Ces messieurs, qui font de si belles sorties sur le peu de gens à talents qui restent à la France, ne feraient pas trop mal de leur demander de temps en temps quelques idées pour en étoffer un peu leurs pitoyables amplifications de rhétorique : car enfin on a beau avoir de la morgue, quand, dans le peu d’occasions qu’on a de se montrer, on est constamment plat, on court grand risque de tomber à la fin dans le mépris.

Il nous revient encore l’oraison funèbre du roi de Pologne, duc de Lorraine, dont un jeune prélat, M.  de Cucé, évêque de Lavaur, s’est chargé[2]. Nous verrons ce que saura faire M.  l’évêque de Lavaur. On a dit que la vie d’un Dauphin n’était ni assez publique, ni assez active, ni assez variée, pour fournir le sujet d’une oraison funèbre ; la vie de Stanislas offrira peut‑être assez d’événements à un orateur ; mais y a-t-il un sujet stérile pour un homme éloquent ?

M.  Villaret, secrétaire de la pairie de France, vient de mourir assez subitement, et à un âge peu avancé[3]. Il avait fait, dans sa première jeunesse, le métier de comédien en province. À la mort de l’abbé Velly, il entreprit de continuer son Histoire de France, et son travail eut du succès. On créa en sa

  1. 1766, in-4o.
  2. 1766, in-8o.
  3. Il mourut à la fin de février 1766, âgé d’environ cinquante ans. (T.)