Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/264

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quitte pour s’en retourner tous les soirs un peu rêveur de ces conversations, et pour dire à la fin aux intrigants de sa cour : Tremblez, lâches ; son innocence et sa vertu me sont connues. Voilà assurément un beau repentir et un beau triomphe pour Bélisaire ?

Il y a au quinzième chapitre un sermon de Bélisaire en faveur de la tolérance. Comme il n’est pas moins bonhomme que son empereur, il sauve tout le monde, et il soutient que les souverains n’ont ni droit ni intérêt à gêner la liberté de penser de leurs sujets. La Sorbonne a été vivement offensée de la témérité de ces assertions. Elle a déjà fait des démarches pour arrêter le débit de l’ouvrage, et elle lancera sans doute une censure en forme contre un aveugle qui ose placer Marc‑Aurèle, et Trajan, et Titus, et d’autres scélérats de cette espèce, dans le séjour des bienheureux, en se conformant à cet égard à l’opinion de plusieurs pères de l’Église.


cantique spirituel d’un paralytique.
Sur l’air : Ne v’là-t-il pas que j’aime.

Pour moi vous croyez qu’il n’est plus
PourDe plaisir dans la vie ?
Je trouve, moi, bien que perclus,
PourMon sort digne d’envie.

De mes pieds et mains engourdis
PourLorsque je perds l’usage,
D’un avant-goût du paradis
PourJe fais l’apprentissage.

N’avoir aucun sens en défaut
PourVous paraît bien commode ;
Mais vous savez bien que là-haut
PourTout change de méthode.

Nous laisserons en ces bas lieux
PourLa dépouille mortelle ;
Et nous n’en jouirons que mieux
PourDe la vie éternelle.

Dans le séjour délicieux
PourDes célestes merveille