Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/269

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ouvrage a d’abord été toléré, et ensuite défendu ici, parce que l’auteur ne veut pas admettre le déluge en Amérique comme dans l’ancien continent. La Sorbonne ne veut pas seulement que tout le monde soit damné éternellement ; elle veut aussi que tout le monde ait été jadis noyé. Rien n’est plus digne de la douceur ordinaire de ce corps charitable. L’auteur, qui est tout noyé pour moi, a dédié son ouvrage au prince Louis de Wurtemberg, qui vit en particulier et en philosophe à Lausanne.

— Le Voyage de Robertson aux terres australes, traduit sur le manuscrit anglais. Volume in-12 de près de cinq cents pages. C’est encore un présent qui nous vient de pays étranger. C’est un roman politique qui nous représente une espèce d’utopie ou de gouvernement idéal. Tout cela est à pleurer d’ennui. On a fait un assez plaisant carton à ce roman. Il y avait, dans la feuille qui commence page 145, une satire assez forte des parlements qui embarrassent les vues du gouvernement par leurs continuelles remontrances. On n’a pas imprimé cette feuille, et on lui en a substitué une autre qui contient une sortie contre les philosophes et contre ce qu’on appelle encyclopédistes en France. Il est vrai que cette philippique ne va pas avec le reste de l’ouvrage, où tout le bien qui arrive au peuple chimérique que l’auteur dépeint est opéré par les philosophes ; mais, à la faveur de cette incartade, l’ouvrage a eu la permission de se débiter, et l’on s’est peu soucié de savoir si le reste tenait ou non. Je plains ceux qui profitent de la permission de lire ce voyage imaginaire avec ou sans carton.

— Les Variétés d’un philosophe provincial, par M.  Ch… le jeune[1], en deux parties in-12, consistent en réflexions morales, en observations critiques, portraits, caractères, allégories, fables, etc. Ce philosophe a tout varié dans ces deux petites parties, excepté la platitude et l’ennui, qui sont partout les mêmes. Ses réflexions religieuses méritent le bonnet carré de Sorbonne, et à son ton on juge qu’il a très-bien fait de se décorer du titre de provincial.

Examen des faits qui servent de fondement à la religion chrétienne, précédé d’un court traité contre les athées, les matérialistes, les fatalistes, par M.  l’abbé François. Trois volumes.

  1. L’abbé Chambon de Pontalier, ex-jésuite.