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AOUT 1767.


15 août 1767.

On vient de publier ici un volume in-12 de près de quatre cents pages, intitulé Lettres familières de M. le president de Montesquieu. La plupart de ces lettres sont adressées à l’abbé comte de Guasco, Piémontais, chanoine de Tournai, frère de deux gentilshommes de ce nom qui ont servi en Russie et en Autriche, et dont l’un est mort général d’infanterie au service autrichien à la fin de la dernière guerre. Les autres lettres sont écrites à l’abbé Venuti, à monsignor Cerati, et à quelques autres Italiens. Elles sont au nombre d’environ soixante. La première est datée de l’année 1729, et les dernières sont de l’année 1754 ; le président est mort au commencement de l’année 1755. Ceux qui l’ont connu retrouvent dans ces lettres sa simplicité et quelques traits qui lui ressemblent ; mais, en général, elles sont peu intéressantes et l’on doit peu de remerciements à l’abbé de Guasco de les avoir publiées le premier. L’édition de Paris est faite d’après celle qu’il a fait faire en pays étranger, je ne sais où. Les deux éditions fourmillent de fautes d’impression. Celle de Paris se prétend augmentée, et en effet on y a ajouté quelques bagatelles qu’on ne trouve point dans l’édition de l’abbé de Guasco, dont le recueil ne consiste qu’en deux cent soixante-quatre pages. Le tiers du volume de l’édition de Paris est rempli par une réponse aux observations sur l’Esprit des lois, faite il y a plus de quinze ans. Cette réponse était d’un jeune négociant protestant de Bordeaux, appelé Risteau, qui se trouve aujourd’hui un des directeurs de la Compagnie des Indes, et les observations étaient d’un polisson appelé l’abbé de La Porte, folliculaire et compilateur de son métier. Ce folliculaire n’était pas en état d’entendre l’Esprit des lois. Il ne méritait pas l’honneur d’être réfuté ; et, de toutes les défenses qu’on a faites de ce grand livre, il n’y a que celle que l’auteur lui même n’a pas dédaigné opposer aux attaques du gazetier ecclésiastique qui restera. Mais si l’on a enrichi de ces additions l’édition des Lettres familières faite a Paris, on n’y trouve pas non plus tout ce que renferme l’édition de l’abbé de Guasco. Non-seulement on a supprimé quelques notes de cet éditeur comme injurieuses à des personnes respectables,