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SEPTEMBRE 1767.

et il les fait garder pour ce dessein. Toutes les mesures sont d’ailleurs prises pour le succès de la conjuration, et Mirzanès est bien résolu de pousser son ressentiment aussi loin qu’il peut aller, sans écouter ce respect secret qu’il se sent quelquefois pour Cosroès, ni cette tendresse singulière qu’il se sent pour Amestris ; et si Phalessar, son père putatif, écoutant plutôt son attachement pour un roi idolâtre que les intérêts de sa religion, refuse de seconder les efforts des conjurés, Mirzanès promet à Memnon que la conspiration n’en fera pas moins son effet. Au milieu de ces agitations Mirzanès voudrait bien savoir de qui il tient le jour. À son incertitude, on juge qu’il ne fréquente pas beaucoup nos tragédies. S’il était familier de premières représentations comme moi, il aurait deviné tout de suite qu’il est ce fils de Cosroès et d’Amestris dont il nous apprend que celle-ci pleure toujours la perte. Mais il est loin de s’en douter, et lorsqu’il entend le son des trompettes et les cris de victoire qui annoncent le retour de Cosroès, son ressentiment et sa fureur redoublent.

Cosroès paraît au milieu de ses gardes et de ses généraux, entouré de tout l’éclat de la victoire, suivi d’Amestris et de Phalessar. Il attribue à ce dernier tous les succès qu’il vient de remporter. Il en ordonne des actions de grâce dans le temple du Soleil. Il apostrophe Mirzanès, à qui Amestris dit pareillement en passant quelques tendresses. Cosroès met je ne sais quoi de paternel dans les corrections de ce jeune homme ; il a, je crois, un pressentiment que M. Le Fèvre lui rendra son fils avant la fin de la pièce. Quoi qu’il en soit, il a empêché Mirzanès d’aller à l’armée ; il lui ordonne maintenant, toujours par forme de pénitence, d’assister au conseil d’État qui doit se tenir sur des affaires de la plus grande importance. Cet ordre irrite de plus en plus le jeune homme.

Cependant le roi et sa suite se retirent. Amestris, en suivant son époux, recommande à Mirzanès de regagner les bonnes grâces de Cosroès par sa douceur et sa soumission. Phalessar, après avoir aussi fait un petit sermon à Mirzanès, le congédie et reste seul avec Memnon.

Il ne veut point entendre parler de conspiration, et il va démontrer à Memnon en peu de mots que Mirzanès est à la tête des conjurés. C’est que ce Mirzanès est fils de Cosroès et