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OCTOBRE 1767.

modernes ont écrit ; il est rempli de contradictions et d’absurdités frappantes, parmi lesquelles celle qui assigne à la médecine à peu près la même évidence qu’à la géométrie ne vous échappera pas. L’auteur parle sans cesse d’Hippocrate, et l’on s’aperçoit aisément qu’il ne l’a jamais lu.

M. Le Cat, docteur en médecine, chirurgien à Rouen, a publié cet été un Traité des sensations et des passions en général, et des sens en particulier. Deux gros volumes in-8°. Je ne sais si M. Le Cat est bon chirurgien et bon médecin, mais je sais, à n’en pouvoir douter, que ce n’est pas un bon esprit et un bon philosophe.

— On vient de traduire de l’anglais le Voyage autour du monde fait, en 1764 et 1765, sur le vaisseau de guerre anglais le Dauphin, commandé par le chef d’escadre Byron. Volume in-12 de près de quatre cents pages. C’est ce vaisseau qui, dans le cours de son voyage entrepris conjointement avec le Tamer, a retrouvé cette nation de géants appelés Patagons. Voilà pourquoi le public a acheté cette traduction avec une extrême avidité. Mais on ne trouve, dans tout le volume, que trois ou quatre pages concernant les Patagons, outre la préface ou le traducteur a recueilli tout ce que les voyageurs en avaient précédemment rapporté. Le reste n’est qu’un journal de marin, bien succinct, qui peut être utile aux navigateurs, mais qu’on parcourt cependant avec une sorte de plaisir, parce qu’il vous promène par tout le globe et dans les contrées les plus éloignées.


15 octobre 1767.

Du mardi des laboureurs et économistes ruraux est sorti cet été un ouvrage qui a fait quelque sensation dans le public parce qu’il avait été magnifiquement annoncé, mais qui est bientôt si parfaitement tombé que le libraire n’en est pas à se repentir, je crois, d’en avoir fait deux éditions à la fois, l’une in-4°, l’autre in-12. Cet ouvrage est intitulé l’Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques. L’auteur est M. Le Mercier de La Rivière, ancien conseiller au parlement de Paris, et depuis, deux fois de suite, intendant de la Martinique.

Lorsque les Anglais firent la conquête de cette île, M. de La Rivière fut pris et renvoyé en France. À la paix, la cour le nomma de nouveau et il retourna dans son intendance ; mais