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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 8.djvu/220

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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

C’est sur le front des rois que je lis leurs destins :
Pour L’oracle est sûr, et mon art doit se taire.

L’aveniÀ l’aspect de ce jeune roi
L’avenir se dévoile à mes yeux sans mystère ;
Son sort est d’être heureux, d’être aimable, de plaire,
PoEt tous les cœurs l’ont prédit avant moi.

Pour Peuple à qui sa présence est chère,
Pour En ces lieux retenez ses pas ;
Pour Un roi qu’on aime et qu’on révère
Pour À des sujets en tous climats :
Pour Il a beau parcourir la terre,
Pour Il est toujours dans ses États.

Les Comédies Française et Italienne, et l’Opéra-Comique, réuni à cette dernière, ont donné, pendant le séjour du roi de Danemark, les pièces que M. le duc de Duras leur a fait demander ; et les jours que Sa Majesté honorait le spectacle de sa présence, on mettait sur l’affiche : Par ordre. Ce mot a constamment attiré aux deux théâtres une foule prodigieuse de spectateurs ; mais le jeune roi, trop fatigué des fêtes de la veille, ou même indisposé, a été quelquefois obligé de renoncer au spectacle où il était attendu, et où le parterre le recevait toujours avec de grands battements de mains, auxquels Sa Majesté répondait par de grandes révérences. Elle en faisait de même aux loges et au parterre en sortant de sa loge ; et le parterre répondait par des battements de mains ; les loges se levaient et restaient debout à l’arrivée et à la sortie du roi.

La triste veuve, dite Académie royale de musique, nom de terre usurpé contre toute justice, suivant les plus habiles jurisconsultes de ce temps, a donné quatre opéras, savoir, trois dansants et un braillant, pendant le séjour de Sa Majesté danoise : Alcimadure, opéra languedocien, traduit en français, paroles et musique de Mondonville ; la Reine de Golconde, le poëme, de M. Sedaine, la musique, de Monsigny ; Silvie, pastorale, les paroles, de M. Laujon, la musique, de Trial et Berton, directeurs de ce théâtre ; enfin, Énée et Lavinie, ancien poëme de Fontenelle, psalmodié par un certain Dauvergne, dont Dieu préserve vos oreilles ! J’ai ouï dire à Sa Majesté que, malgré tous ses