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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 8.djvu/477

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jourd’hui, à laquelle il reproche a peu près de n’avoir ni foi ni honneur. Son discours a l’air d’un sermon, et il en aura le sort, c’est-à-dire qu’il ne sera lu de personne.

M. Maréchal[1] aussi inconnu que M. Combes, vient de publier sous le titre de Bergeries des idylles dans le goût des idylles de M. Gessner, de Zurich. Cela a toute la faiblesse et toute l’insipidité d’une copie. Pour faire des idylles comme M. Gessner, il faut avoir l’âme tendre, pénétrée, mélancolique, douce, flexible, ouverte aux impressions les plus délicates, susceptible des sensations les plus exquises. Nos jeunes gens croient qu’il n’est question que de coudre ensemble quelques phrases douces et vides de sens. Le coloris de Gessner est d’un charme et d’une grâce dont on ne saurait avoir d’idée quand on ne peut le lire dans l’original. C’est bien dommage que ce poëte, qui a tant de goût et d’âme, ait quitté la lyre et se soit jeté dans la peinture, ou je crois qu’il n’est que fort médiocre.

Galimatias poétique, ou Recueil de plusieurs petites pièces de vers et de chansons sur des airs nouveaux et connus, par M. Messageot, caporal au regiment de Touraine. Volume in-12 d’environ cent vingt pages. Le succès d’une pareille rapsodie, publiée par un soldat du régiment des gardes françaises[2], aura encouragé M. le caporal Messageot à publier la sienne. Je lui souhaite de tout mon cœur un bon débit. J’aime les poëtes caporaux ; quand nos petits poëtes s’engageront à servir la patrie, je leur pardonnerai beaucoup de mauvais vers.


MARS.
1er mars 1770.

Le 19 du mois passé, on donna, sur le théâtre de la Comédie-Italienne, la première représentation de Silvain, comédie en vers libres et en un acte mêlée d’ariettes, par M. Marmontel, de l’Académie française ; la musique est de M. Grétry. Voilà, en

  1. Sylvain Maréchal.
  2. Voir tome VII, p. 397.