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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/154

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l’agent répondit ces propres mots : « Loin de vous payer, le chapitre devrait vous punir ; vous avez guéri l’année dernière deux serfs dont la mort aurait valu mille écus à mes maîtres. »

« Nous avons des témoins de cet horrible propos ; nous demandons à en faire la preuve.

« Nous ne voulons point fatiguer Votre Majesté par le récit avéré de cent désastres qui font frémir la nature ; d’enfants à la mamelle abandonnés et trouvés morts sous le scellé de leur père ; de filles chassées de la maison paternelle où elles avaient été mariées, et mortes dans les environs au milieu des neiges ; d’enfants estropiés de coups par les agents du chapitre, de peur qu’ils n’aillent demander justice. Ces récits, trop vrais, déchireraient votre cœur paternel.

« Nous sommes enfermés entre deux chaînes de montagnes, sans aucune communication avec le reste de la terre. Le chapitre ne nous permet pas même des armes pour nous défendre contre les loups dont nous sommes entourés. Nous avons vu l’hiver dernier nos enfants dévorés, sans pouvoir les secourir. Nous restons en proie au chapitre de Saint-Claude et aux bêtes féroces ; nous n’avons que Votre Majesté pour nous protéger. »

Le Conseil des Dépêches ;

M. le duc de Choiseul, ministre et secrétaire d’État ;

Me Chéry, avocat ;

Paget et Chapuis, syndics.

— On vient de publier, en quatre volumes petit in-8° peu considérables, un Voyage de France, d’Espagne, de Portugal et d’Italie, pendant les années 1729 et 1730 ; ouvrage posthume de feu M. de Silhouette, ancien ministre d’État et contrôleur général des finances. C’est parcourir bien des pays dans un petit nombre de pages, eu égard à leur étendue et à leur importance. Vous ne trouverez dans ce Voyage ni instruction ni amusement ; c’est partout le coup d’œil le plus trivial sur les beaux-arts, sur les arts utiles, sur les mœurs, sur l’histoire des différents pays mentionnés au frontispice ; c’est sur l’Espagne une dissertation politique à perte de vue, mais qui n’en est pas moins insipide, surtout aujourd’hui qu’il y a longtemps que les rêves du cardinal Albéroni se sont évanouis avec ce rêveur, qui n’était pas un homme commun. Ceux qui ont cru devoir rendre