Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voyait jamais que le bas de la jambe, et qu’elle n’avait pas besoin de porter des caleçons, je nie ce fait des caleçons, et soutiens qu’elle en portait. On avait parié sur cet objet important peu de temps avant sa mort ; on s’adressa à elle pour savoir la vérité du fait ; je fus un des témoins du pari ; elle attesta que non-seulement elle avait toujours porté des caleçons, mais que leur établissement au théâtre tient à l’époque de ses brillants succès. Elle rendit cet hommage sincère à la vérité dans un temps où elle ne pouvait plus avoir aucun intérêt de la cacher, et nous devons la conserver dans toute sa pureté.

M. Mathias Poncet de La Rivière, ancien évêque de Troyes, a fait imprimer le Discours prononcé le 10 septembre 1770 dans l’église des Carmélites de Saint-Denis, pour la prise d’habit de madame Louise-Marie de France. Ce morceau d’éloquence n’a pas démenti la réputation d’insipidité que l’auteur sacré s’est justement acquise par ses autres ouvrages. Comment n’est-on pas éloquent à faire fondre en larmes, dans une occasion si favorable à l’émotion, et où les témoins d’un spectacle en lui-même également attendrissant et pour celui qui pense, et pour celui qui ne pense pas, sont tout prêts à prendre les sentiments doux et pathétiques que l’orateur veut inspirer ? C’est que le sentiment est de toutes les qualités la plus rare dans les orateurs et dans les écrivains. Ils ne sont pas pénétrés eux-mêmes, comment pénétreraient-ils les autres ? M. l’ancien évêque de Troyes, que la cour emploie pour les oraisons funèbres et autres occasions solennelles, est pénétré de platitude jusqu’au fond des entrailles. Mme la dauphine, qui a donné l’habit à Mme Louise dans cette attristante cérémonie, a été beaucoup plus éloquente que le prélat payé pour l’être ; elle a beaucoup pleuré en s’acquittant de son rôle, et ses larmes ont attendri tous les assistants. Mme Louise, changée sous leurs yeux en novice carmélite, après avoir paru dans toute la parure et tout l’appareil de son rang, n’a pas versé une larme ; elle n’a pas non plus eu l’air d’extase d’une âme qui est sûre de trouver dans le sacrifice qu’elle va faire le commencement d’une félicité ineffable.

— Un M. de Camburat, dont je lis le nom pour la première fois en lettres moulées, vient de publier un Abrégé de la vie et