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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/471

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fondeur avec lesquelles il faut discuter des questions d’État jetteront bientôt les lettres du prémontré Baudeau, et lui conseilleront d’écrire sur le régime de son ancien couvent. Au reste, les ouvrages sur la Pologne ne nous manqueront pas, et si Dieu n’y met la main, ils confirmeront sans doute l’Europe dans l’opinion qu’il n’y a point de pays au monde où l’on sache écrire avec autant de confiance sur les matières qu’on n’entend pas et sur les faits qu’on ne sait pas. M. le comte Wielhorski, depuis qu’il réside en France, s’est adressé à tous nos grands esprits pour faire fabriquer une nouvelle constitution à la Pologne. Ils y ont employé leurs veilles, et M. le comte Wielhorski possède le résultat de leurs rêveries dans son portefeuille, d’où elles ne sortiront sans doute que lorsqu’il ira présider à la pacification de sa patrie. Il a fait travailler chacun de nos législateurs de son côté sans conférences et sans communication entre eux. Le premier manuscrit est de Jean-Jacques Rousseau, le second de M. l’abbé de Mably. M. Rulhière travaille aussi à un ouvrage sur la Pologne, mais je ne sais si c’est une histoire ou une nouvelle constitution, et il existe un quatrième ouvrage sur cet objet dont on ne veut pas encore nommer l’auteur. Il est bien fâcheux, pour le bonheur de la Pologne et pour les puissances qui travaillent à sa pacification, que les chandelles de tant d’esprit lumineux restent sous le boisseau de M. le comte Wielhorski. Comment feront les cabinets de Pétersbourg, de Potsdam, de Varsovie, de Vienne pour s’en passer ? Le Dr Baudeau n’est pas si avare, lui : il donne ses chandelles au prix coûtant, et ce n’est pas sa faute s’il n’en a pas le débit, parce que la manufacture des économistes est décriée. Il n’a pas oublié la rêverie favorite de son école, l’impôt unique, et il veut bien enseigner aux Polonais comment cet impôt doit être assis chez eux.

— Une des matières qui ont le plus prêté au radotage de nos écrivains, c’est la théorie du luxe ; c’est une mine inépuisable en sottises ; aussi est-elle exploitée avec une ardeur qui ne se ralentit point. Un écrit de cinquante pages : Du Luxe, de sa nature, de sa vraie cause et de ses effets, vient d’augmenter le nombre de ces sages productions ; mais l’auteur radoteur est resté anonyme et aussi obscur que le tissu de son radotage.