Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, tome 1.djvu/15

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souvent à transmettre à ses correspondans de fausses indications sur les auteurs de plusieurs ouvrages ; et fréquemment, malgré le zèle qu’il a mis à découvrir la vérité, il hésite dans les renseignemens qu’il fournit. De courtes notes devaient relever les fautes qui lui sont échappées, et fixer ses incertitudes ; il eût été à désirer que des notes du même genre indiquassent les auteurs dés ouvrages que Grimm n’avait pu connaître. Ces éclaircissemens, joints à ceux dont on lui est redevable, eussent donné plus de prix à sa Correspondance. Il était difficile aussi que Grimm ne commît pas plusieurs erreurs de faits, par la difficulté de se procurer tous les ouvrages où il eût trouvé à éclaircir ses doutes : ces erreurs devaient être relevées avec tous les ménagemens dus à la position de l’auteur. »

Les premiers éditeurs ont, pour ainsi dire, porté les managemens jusqu’à n’en relever aucune ; mais ils ont poussé trop loin la délicatesse, s’ils ont cru devoir justifier la négligence de Grimm par la leur[1] ; c’est une abnégation, un sacrifice dont personne ne peut leur sa-

  1. Nous croyons en devoir rapporter un exemple ; si les lecteurs ne trouvent pas que, malgré nos efforts, nous ayons mieux fait que nos devanciers, ils s’expliqueront du moins pourquoi nous avons fait autrement. On lisait tom. I, p. 9 de la première édition (p. 8 de celle-ci), au sujet du Traité des légions publié sous le nom du maréchal de Saxe, ce passage imprimé ainsi : « Ce Traité doit nécessairement augmenter la patience qu’on a de voir les rêveries de cet homme illustre. » Était-il facile à tous les lecteurs de deviner qu’il fallait : « Ce Traité doit nécessairement augmenter I’impatience qu’on a de voir les Réveries de cet homme illustre ? » Car les Rêveries sont le titre d’un ouvrage du maréchal dont Grimm fait l’éloge plus tard, et non pas un terme de dédain comme l’ont cru les premiers éditeurs. Il nous serait facile de citer bon nombre de phrases travesties de la sorte et de noms propres rendus méconnaissables ; mais on nous saura plus de gré de ne pas tomber dans ces fautes que d’en donner le relevé.