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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/115

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tiendrait compte de ses bonnes intentions, et je lui lis présent de joyaux et d’étoffes diverses ainsi qu’à l’un de ses fils et à d’autres seigneurs qui se trouvaient près de lui. À Cholula, je rencontrai Juan Velazquez, le capitaine que j’avais envoyé au Goazacoalco et qui arrivait avec toute sa troupe. J’en éliminai quelques-uns qui me parurent mal disposés et je les envoyai à Mexico ; je poursuivis mon chemin avec les autres. À quinze lieues de Cholula je rencontrai le père Olmedo, mon aumônier que j’avais envoyé à la côte pour s’informer des nouveaux arrivés ; il m’apportait une lettre de Narvaez, dans laquelle celui-ci me disait avoir les ordres de Diego Velazquez pour s’emparer de cette contrée ; que je me rendisse donc auprès de lui pour me soumettre et lui obéir ; et qu’il avait fondé une ville avec alcades et conseillers municipaux.

J’appris du religieux comment on s’était emparé du licencié Ayllon, de son notaire et de son alguazil, comment on les avait envoyés sur les navires et comment on l’avait circonvenu pour qu’il gagnât certains de mes hommes au parti de Narvaez. Il me conta comment Narvaez faisait parade devant lui et certains Indiens, de sa petite armée, fantassins, cavaliers et artilleurs, qu’il avait débarqués afin de les terroriser. Il disait à mon aumônier : Jugez si vous pourrez jamais vous défendre et si vous ne serez pas obligé de faire ce que nous voulons. Il me dit encore comment il avait trouvé en compagnie de Narvaez un grand seigneur, sujet de Muteczuma et gouverneur de toutes ses provinces jusqu’à la côte de la mer. Il apprit que ce gouverneur s’était entretenu avec Narvaez au nom de Muteczuma, et qu’il lui avait fait présent de certains bijoux d’or. Narvaez lui avait à son tour donné quelques bagatelles ; il avait en même temps envoyé divers messages à l’empereur, pour lui dire qu’il irait le délivrer, qu’il viendrait s’emparer de moi et de mes compagnons pour s’en aller ensuite ; qu’il ne courrait point après l’or, et qu’il n’avait qu’un but, me faire prisonnier et s’en retourner à l’île Fernandina en remettant le pays aux mains de ses maîtres légitimes. Enfin, quand je sus qu’il voulait s’emparer du pays sans y admettre d’autres que lui ; moi, ni mes compagnons ne le voulant point reconnaître comme capitaine et notre