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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/157

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Espagnols dans une forêt voisine, de manière que tout le matériel de mes brigantins fût prêt ; pour qu’ensuite, avec l’aide de Dieu, lorsque je me trouverais dans la province de Mexico, je puisse faire transporter ce matériel à Tezcoco, c’est-à-dire à une distance de douze lieues de la ville de Tlascala. Pendant les quinze jours que j’y demeurai, je ne m’occupais que de hâter mes charpentiers et de préparer les armes pour nous mettre en route.

Deux jours avant la Nativité, le capitaine que j’avais envoyé avec une troupe de deux cents hommes dans les provinces de Cecatami et de Xalazingo revint à Tlascala ; il me raconta qu’il avait eu divers combats à soutenir contre les naturels de l’endroit et qu’enfin, de gré ou de force, ils étaient venus demander la paix. Le capitaine m’amenait quelques seigneurs de ces provinces, auxquels malgré leur révolte et le meurtre de plusieurs chrétiens, je crus devoir pardonner, parce qu’ils me promirent que dorénavant ils seraient de bons et fidèles sujets de Votre Majesté ; je leur pardonnai donc et les renvoyai chez eux. Ainsi se termina cette expédition, pour la plus grande gloire de Votre Majesté, par la pacification du pays et la sécurité des chemins qu’avaient à parcourir mes Espagnols de l’intérieur à la ville de la Veracruz.

Le second jour de la Pâques de nativité, je passai une revue de mes forces en cette ville de Tlascala ; je comptais quarante chevaux, cinq cent cinquante fantassins dont quatre-vingts arquebusiers et arbalétriers, neuf pièces d’artillerie et peu de poudre ; je divisai ma cavalerie en quatre escadrons de dix hommes chacun, et de mes fantassins je fis neuf bataillons de soixante soldats sous les ordres d’un capitaine. Je profitai de cette revue pour adresser à mes hommes des paroles d’encouragement ; je leur rappelai que nous avions colonisé cette contrée pour servir les intérêts de Vôtre Majesté sacrée ; qu’ils savaient aussi bien que moi que les Indiens après s’être déclarés sujets de Votre Majesté s’étaient pendant quelque temps comportés comme tels, recevant de nous et nous rendant tour à tour maints services ; mais qu’ils n’ignoraient pas comment, sans aucun motif, les naturels de Culua, les habitants de Tenoch-