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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/204

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Tacuba, me fit savoir que les Mexicains allaient et venaient en terre ferme par deux chaussées voisines, une grande et une petite située de l’autre côté de la ville, et qu’il leur serait facile de s’échapper par là le jour où ils le croiraient nécessaire. J’aurais désiré cette sortie plus qu’eux-mêmes, car il nous eût été beaucoup plus facile d’en finir avec nos ennemis sur la terre ferme que dans cette grande forteresse campée au milieu des lagunes. Cependant, comme il importait que la ville fût entièrement cernée, afin que les Indiens ne pussent plus s’approvisionner de rien en terre ferme, je commandai à Sandoval, quoiqu’il fût blessé, d’aller occuper un petit village qui se trouve au débouché de l’une des chaussées et d’y établir ses quartiers. Il s’y rendit avec vingt-trois chevaux, cent fantassins, dix-huit arquebusiers et arbalétriers et me laissa cinquante autres soldats en dehors de ceux que j’avais déjà en ma compagnie, et le lendemain il occupait le village. À partir de ce jour, la ville de Mexico se vit fermer toutes les chaussées qui lui servaient de voies d’accès avec la terre ferme.

Très Puissant Seigneur, j’avais dans mes quartiers de la chaussée deux cents fantassins espagnols, dont vingt-cinq arquebusiers et arbalétriers, sans compter les équipages de mes brigantins qui montaient à plus de deux cent cinquante ; et comme les ennemis se trouvaient déjà cernés, que nous avions avec nous un grand nombre de guerriers amis, je résolus, avec l’aide des brigantins qui devaient m’appuyer aux deux extrémités de la chaussée, de pénétrer dans la ville aussi loin que je pourrais. Dans ce but, je fis venir à mon camp quelques chevaux et fantassins de Culuacan pour qu’ils entrassent avec nous, et que dix cavaliers se tinssent à l’entrée de la chaussée, pour protéger notre arrière-garde ; il en restait d’autres à Culuacan, car les Indiens de Xuchimilco, Culuacan, Istapalapa, Churubusco, Cuactlahui et Mizquic, toutes villes situées aux bords des lagunes, étaient partisans de Mexico ; et comme ils devaient nous prendre par derrière, je complais sur ces dix ou douze cavaliers pour nous défendre, sur ceux qui restaient à Culuacan et sur dix mille Indiens nos alliés. J’ordonnai en même temps au grand alguazil et à Pedro de Alvarado, que de