Aller au contenu

Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui avais faite au nom de Votre Majesté, en le mettant à la tête d’une si grande province malgré les droits que d’autres de ses frères y avaient avant lui, il usait de son influence pour décider ses vassaux à venir partager nos travaux et nos dangers. Il harangua ses frères au nombre de six ou sept, tous jeunes gens bien dispos à venir nous rejoindre. Pour capitaine, il envoya l’un d’eux nommé Ixtlilxochitl, âgé de vingt-quatre ans, courageux, aimé de tous, avec plus de trente mille hommes fort bien équipés, et il en envoya vingt mille autres rejoindre mes deux capitaines. Je les reçus le mieux du monde, en les remerciant de leur bon vouloir ; et Votre Majesté peut se figurer quel secours nous procurait l’amitié de Don Fernando et le fâcheux étonnement des Mexicains en voyant marcher contre eux, ceux qu’ils tenaient pour sujets et pour amis, leurs parents et leurs frères, leurs pères et leurs fils !

Au bout de deux jours, la lutte recommença contre la ville, comme je l’ai dit plus haut. À la vue d’un nouveau secours qui nous arrivait, les gens de Xuchimilco et certains villages des Otomies, peuplades montagnardes et plus nombreuses que les habitants de Xuchimilco, sujets de l’empereur de Mexico, vinrent m’offrir leurs services comme vassaux de Votre Majesté, me priant de leur pardonner d’avoir tardé si longtemps. Je leur pardonnai et me réjouis fort de leur soumission, parce que c’était de leur côté que mes hommes de Culuacan pouvaient éprouver le plus de dommage. Comme du quartier que j’occupais sur la chaussée, nous avions, grâce à l’appui des brigantins, détruit une foule de maisons des faubourgs de la ville et que les Mexicains n’osaient plus hasarder une canoa de ce côté, je pensai que notre sécurité était assurée par la présence de sept de ces navires et qu’il serait bon d’en envoyer trois à chacun de mes capitaines, le grand alguazil et Pedro de Alvarado. Je recommandais aux capitaines des brigantins de bien surveiller les approches des nouveaux quartiers où les Mexicains, avec leurs canoas, allaient s’approvisionner d’eau, de fruits, de maïs et autres victuailles ; je leur recommandai de courir d’un quartier à l’autre et qu’ils se tinssent à l’arrière-garde toutes les fois que nos gens chercheraient à forcer l’entrée de la ville en com-