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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/23

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pour en pouvoir rendre un compte exact à Vos Altesses Royales. Il mit à la voile, poursuivit son voyage et atteignit la contrée reconnue par Francisco Fernandez de Cordova, et dès lors il navigua par la côte sud jusqu’à une grande baie que Grijalva et le pilote Anton de Alaminos appelèrent la baie de l’Ascension, qui selon l’opinion du pilote était fort près de la pointe de las Veras, terre que découvrit Vicente Yanes Pinson. Cette baie est très profonde et l’on croit qu’elle communique avec la mer du nord.

De là il retourna sur ses pas jusqu’à doubler la pointe nord de cette terre, que ses vaisseaux longèrent ensuite jusqu’à la ville de Campêche, dont le cacique se nomme Lazaro, où déjà s’était arrêté Francisco Fernandez de Cordova pour y faire des échanges, d’après l’ordre de Diego Velazquez, en même temps qu’y faire de l’eau. Sitôt que les naturels les virent arriver, ils se mirent en bataille autour de leur village pour en défendre l’entrée. Le capitaine les appela au moyen d’un interprète ; quelques Indiens s’approchèrent alors et il leur fit dire qu’il n’était venu que pour faire des échanges avec eux et se procurer de l’eau. Les Indiens le conduisirent donc près du village où se trouvait une source, afin que les Espagnols pussent y remplir leurs tonneaux ; il disait aussi aux naturels de lui donner de l’or en échange d’objets divers de sa pacotille. Mais les Indiens n’ayant pas d’or lui ordonnèrent de partir. Grijalva les pria de lui laisser compléter sa provision d’eau et qu’il partirait ensuite ; ce fut en vain, car dans la matinée du jour suivant, à l’heure de la messe, les Indiens armés de leurs arcs, flèches et boucliers engagèrent le combat avec une telle vigueur, qu’ils tuèrent un Espagnol et blessèrent Grijalva et bon nombre de ses gens. Sur le tard il fut obligé de se rembarquer sans avoir pu pénétrer dans le village et sans rien savoir des choses dont il eût dû faire un rapport à Vos Majestés.

De là, longeant toujours la côte, il atteignit une rivière qu’il appela Grijalva et qu’il remonta vers l’heure de vêpres.

Le lendemain de bonne heure, les deux rives du fleuve se couvrirent d’Indiens en costumes de guerre prêts a défendre l’entrée de leur pays. Certains affirment qu’ils étaient au moins