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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/256

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quarante arquebusiers et arbalétriers, et deux petites pièces de campagne. Vingt jours plus tard, je recevais des lettres d’Alvarado, me disant qu’il était en route pour Tuxtepec et s’était emparé de plusieurs espions de cette province. Il avait su par eux que le roi de Tuxtepec et ses gens l’attendaient dans la plaine, et leur avait dit que, pour lui, il ne s’était mis en route que pour conclure un traité de paix et que pour l’imposer ; il avait, outre ses Espagnols, une multitude de guerriers indiens. J’attendais avec impatience la conclusion de cette affaire, quand le 4 de mars je recevais des lettres d’Alvarado, me disant qu’il avait pénétré dans la province, que trois ou quatre villages avaient fait un semblant de résistance, et qu’il était entré dans la ville de Tuxtepec où il avait été fort bien accueilli. Le cacique lui avait offert de vastes maisons couvertes en chaume pour loger ses troupes, mais comme elles lui parurent fort incommodes pour la cavalerie, il avait préféré s’installer dans un autre endroit de la ville moins accidenté. Il avait surtout opéré ce changement, parce qu’il avait appris qu’il devait être massacré lui et les siens, de la manière suivante : tous les Espagnols se trouvant logés dans ces grandes maisons, on devait y mettre le feu au milieu de la nuit et les brûler vifs. Il avait grâce à Dieu découvert le complot, n’en avait rien laissé voir, mais avait emmené avec lui, le cacique et son fils, qu’il gardait comme otages, et dont il s’était fait remettre vingt-cinq mille castellanos ; d’après renseignements, ce cacique devait avoir un grand trésor. La province, du reste était aussi tranquille que possible ; les affaires et le marché se tenaient comme d’habitude, le sol était riche en mines d’or et l’on en avait extrait en sa présence un échantillon qu’il m’envoya. Trois jours après il s’était rendu aux bords de la mer dont il avait pris possession au nom de Votre Majesté ; là aussi on avait péché des perles qu’il me fit parvenir et que j’envoie à Votre Altesse avec l’échantillon d’or.

Celle négociation, grâce à Dieu, était en bonne voie, favorisant le désir que j’ai de servir les intérêts de Votre Majesté dans cette mer du sud ; et je prête à cette affaire une telle importance que j’ai mis toute diligence à faire construire dans l’un des