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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/275

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perte d’aucuns de nous, quoique nous eussions plusieurs hommes et chevaux blessés. Les ennemis payèrent cher le mal qu’ils nous avaient fait et le châtiment leur fut si sensible, qu’ils demandèrent immédiatement la paix et que d’autres provinces, effrayées par l’exemple, se hâtèrent de se déclarer sujettes de Votre Majesté Impériale ; c’étaient les provinces de Aliman, Colimonte et Ceguatan.

De là, mon capitaine m’écrivit tout ce qui lui était arrivé ; de mon côté, je lui mandai de choisir un bel emplacement pour y fonder une ville, qu’il appellerait Coliman du nom de la province. Je lui envoyai la nomination des alcades et des conseillers municipaux et lui ordonnai de visiter les villages et les gens de cette province, d’en étudier les ressources et de venir m’en rendre compte. Il vint et m’apporta des échantillons de perles, et je répartis au nom de Votre Majesté tous les villages de cette province aux habitants de cette nouvelle ville qui comptait vingt-cinq cavaliers et cent vingt piétons.

Dans sa relation, mon capitaine me donnait une bonne nouvelle : c’est qu’il avait trouvé un port sur la côte ; ce dont je me réjouis fort, car ils sont très rares. Il m’envoyait aussi un rapport des caciques de la province de Ceguatan, qui affirmait posséder une île uniquement peuplée de femmes ; de temps à autre, des hommes de la terre ferme s’embarquent pour les visiter ; quand elles deviennent enceintes et accouchent de filles, elles les gardent ; si ce sont des garçons, elles les chassent de leur compagnie. Cette île, me disait-on, est à dix journées de la province, et plusieurs de mes hommes étaient allés la visiter. On disait encore que cette île était riche en or et en perles. Je m’efforcerai de m’éclairer sur cette affaire afin d’en adresser une relation complète à Votre Majesté.

À mon retour de Panuco, me trouvant à Tuspan, je reçus la visite de deux Espagnols, que j’avais envoyés avec un certain nombre de Mexicains et autres Indiens de la province de Soconusco qui se trouve sur la côte de la mer du sud, auprès de Pedrarias Davila, gouverneur de Votre Altesse, à plus de deux cents lieues de la grande ville de Mexico, pour qu’ils s’informassent de villes situées soixante lieues plus loin et dont