Aller au contenu

Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

navires. Docampo écrivit au gouverneur à ce sujet, le priant de spécifier ce dont il pourrait avoir besoin avant qu’il partît pour Mexico, où il venait me rejoindre.

Garay lui envoya de suite un courrier pour lui annoncer qu’il n’avait rien de ce qu’il fallait pour appareiller ; qu’il lui manquait six navires et que ceux qui lui restaient, n’étaient pas en état de naviguer ; qu’il faisait faire une enquête pour certifier le cas et prouver comment il ne pouvait quitter le pays. Il me disait en même temps que ses gens soulevaient mille difficultés, prétendant qu’ils n’étaient pas obligés de le suivre ; qu’ils en avaient appelé de la sommation que leur avait faite Docampo, disant qu’ils avaient une infinité de raisons pour ne point y obtempérer. L’une de ces raisons était que plusieurs de leurs camarades étaient morts de faim au service du gouverneur, ainsi que d’autres attachés à sa personne. Il ajoutait que toutes les précautions pour retenir ses hommes étaient inutiles ; qu’ils disparaissaient le soir sans reparaître le matin et que ceux qu’on ramenait prisonniers désertaient de nouveau, de sorte qu’en une seule nuit il lui manqua deux cents hommes : qu’en conséquence, il me priait très affectueusement de ne point partir, parce qu’il voulait venir me voir en cette ville, et que, si je l’abandonnais, il se noierait de douleur.

Docampo, au reçu de cette lettre, résolut de l’attendre ; il vint deux jours après ; de là, ils me dépêchèrent un courrier pour me dire que Garay désirait me voir à Mexico et que, venant à petites journées, l’alcade et lui attendraient ma réponse à Cicoaque, village situé sur la frontière mexicaine. De là, le gouverneur m’écrivit pour me signaler le mauvais état de ses navires et la mauvaise volonté de ses gens, comptant sur moi comme sur la seule personne pouvant le sauver d’un désastre. Ayant donc résolu de venir me trouver, il m’offrait son fils aîné, avec tout ce qu’il possédait, me l’offrant comme époux de l’une de mes filles. Au moment où il se dirigeait sur Mexico, le grand alcade me signalait la présence dans l’entourage de Garay de divers individus serviteurs et obligés de Diego Velazquez, mes ennemis, qu’on voyait de mauvais œil dans la province, et dont les propos pouvaient soulever des troubles. En