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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/314

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vivres dans le principal village de Zaguatan qui se trouve à douze lieues au delà du point où je passai à la rivière, ce qu’ils exécutèrent à ma satisfaction.

Je partis du dernier village de cette province de Apisco, appelé Anaxuxuca, après avoir découvert la route qui conduit à la rivière de Guezalapa que nous avions à traverser. Je dormis cette nuit dans un endroit désert entouré de lagunes et le jour suivant, de bonne heure, nous atteignîmes la rivière, où je ne trouvai point de canoas, celles que j’avais demandées aux caciques de Tabasco n’étant point arrivées. Mon avant-garde ouvrait la route en amont de la rivière, parce que, ayant appris que cette rivière passait au milieu de la ville principale de la province de Zaguatan, elle en suivait les bords pour ne pas s’égarer, et l’un de mes hommes avait pris une canoa pour arriver plus tôt à la ville. En le voyant, l’émoi se répandit dans la population qu’il s’efforça de calmer au moyen de son interprète ; il renvoya aussitôt la canoa chargée d’Indiens en aval, me faisant part de ce qui s’était passé dans le village et me faisant dire qu’il ouvrait une route du côté où je devais passer et qu’il se rencontrerait avec ceux qui ouvraient cette route par en bas ; je me réjouis beaucoup de cette affaire et remerciai mon homme, tant pour avoir calmé les Indiens que pour m’avoir indiqué une route que j’ignorais et que je soupçonnai très difficile. Avec cette canoa et des radeaux que nous fabriquâmes, je commençai à transporter les bagages de l’autre côté de la rivière qui était assez rapide. Comme j’effectuais le passage, arrivèrent les Espagnols que j’avais envoyés à Tabasco ; ils ramenaient les vingt canoas chargées des vivres de cette petite caravelle, que j’avais expédiée de Goatzacoalco ; ils m’apprirent que les deux autres caravelles et la barque n’étaient pas encore arrivées ; qu’elles étaient toujours au Goatzacoalco, mais qu’elles viendraient bientôt. Plus de deux cents Indiens de Tabasco et de Canoapa conduisaient ces canoas et nous traversâmes la rivière sans autre perte que celle d’un esclave nègre et de deux ballots de ferrures qui nous firent faute par la suite.

Je passai la nuit de l’autre côté de la rivière et le lendemain nous suivîmes ceux qui ouvraient le chemin en amont, longeant