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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/35

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d’eux, pour environ cent quarante piastres d’or en objets divers, pièces si petites et si minces qu’il nous parut bien que le pays devait être pauvre en or et que le peu qui s’y trouvait devait avoir été apporté au moyen d’échange ; — la terre, est très fertile, les vivres y abondent, tant maïs que fruits, poissons et autres denrées que les habitants consomment ; — le village est situé sur la rivière du Grijalva et aux alentours s’étend une plaine semée d’habitations avec des champs plantés des produits que les Indiens cultivent. Cortes leur reprocha le mal qu’ils faisaient en adorant leurs idoles et leurs faux dieux et il leur fit comprendre qu’ils eussent à entrer dans notre sainte croyance ; il leur laissa une grande croix de bois placée sur le sommet d’une pyramide, ce dont ils se montrèrent fort contents, promettant de la tenir en grande vénération et de l’adorer ; ils se déclarèrent en outre nos amis, et vassaux de Vos Altesses Royales.

Alors Fernand Cortes poursuivit son voyage et nous arrivâmes sous peu, à la baie nommée San Juan, où le capitaine Juan de Grijalva opéra les échanges dont nous avons précédemment parlé à Vos Majestés. À peine eûmes-nous jeté l’ancre que les Indiens de l’endroit accoururent nous demander quelles étaient les caravelles qui venaient d’arriver. Comme il était tard, Le capitaine resta à bord et défendit que personne débarquât. Le jour suivant, il descendit à terre avec la plus grande partie de sa troupe et là, il se rencontra avec deux principaux personnages, auxquels il donna divers de ses bijoux personnels et les entretint au moyen de ses interprètes, leur donnant à entendre qu’il était venu dans ces contrées par ordre de Vos Altesses Royales pour leur apprendre ce qu’ils auraient à faire pour les bien servir ; il les priait donc de se rendre au plus vite à leur village pour dire aux caciques de le venir trouver ; et pour les décider à venir, il leur fit porter deux chemises et deux pourpoints, l’un de salin et l’autre de velours, un bonnet d’étoffe rouge et un collier de grelots. Ils s’en furent porteurs de ces présents pour leurs caciques, dont l’un vint nous trouver le lendemain un peu avant midi. Le capitaine lui expliqua qu’il n’était pas venu pour faire du mal aux Indiens, mais les amener à se reconnaître vassaux de Vos Majestés, qu’ils devaient servir