Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/371

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Gil Gonzalez de Avila devaient passer de votre côté ; il fit immédiatement dresser une embuscade au gué d’une rivière qu’ils devaient traverser, pour s’en emparer ; on les attendit quelques jours, et comme ils ne venaient pas, il laissa une forte escouade avec un maître de camp et revint au village, où il fit préparer deux caravelles qu’il chargea de munition et d’artillerie, pour aller attaquer le village que Gil Gonzalez avait fondé un peu plus au nord. L’expédition était prête, lorsque Francisco de Las Casas arriva avec deux navires. Sachant qui il était, Oli fit décharger toutes ses pièces contre ses deux vaisseaux et quoique Las Casas déployât une bannière de paix et fît crier par hommes qu’il appartenait à Votre Grâce, il n’en fit pas moins tirer une douzaine de boulets, dont l’un traversa de part en part la coque de l’un des navires.

« En présence d’une hostilité si évidente, Francisco de Las Casas mit ses barques à la mer avec leurs équipages et commença le feu contre les deux caravelles dont il s’empara. Les gens s’enfuirent à terre et les navires étant aux mains de Las Casas, Cristobal de Oli lui fit des ouvertures de paix, non pour l’observer, mais pour lui permettre d’attendre les hommes qu’il avait laissés en embuscade attendant les gens d’Avila. Francisco de Las Casas, croyant à sa bonne foi, fit tout ce qu’il voulut ; mais Oli continua de traiter sans rien conclure jusqu’à ce que soufflât une tempête, et comme il n’y avait pas de port, les navires de Francisco de Las Casas furent jetés à la côte ; trente hommes se noyèrent et toute la cargaison fut perdue. Lui et les autres échappèrent tous nus et en si piteux état qu’ils ne pouvaient tenir debout. Cristobal de Oli les fit tous prisonniers, et avant qu’ils entrassent dans le village il les fit tous jurer sur l’évangile qu’ils le tiendraient pour leur capitaine et lui obéiraient en toutes choses.

« En ce moment nous reçûmes la nouvelle que son maître de camp s’était emparé de cinquante-sept hommes qui passaient sous les ordres d’un alcade de Gil Gonzalez de Avila et qu’il les avait laissé partir, eux s’en allant d’un côté, lui d’un autre. Oli était furieux ; il s’en alla au village de Naco qu’il avait déjà visité, il emmenait avec lui Francisco de Las Casas et quelques-uns