Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/389

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mauvais traitements mal appliqués n’ont jamais été soumis

Les Indiens de ces provinces ont fait et font beaucoup de mal aux Espagnols et à leurs alliés ; la région fort montueuse est très peuplée ; les habitants y sont hardis et belliqueux ; ils ont inventé de fort ingénieux moyens d’attaque et de défense, creusant des trous, dressant des pièges et semant les routes de pointes pour les chevaux, dont ils nous tuèrent un grand nombre. De sorte que, malgré la guerre incessante que leur a faite Pedro de Alvarado avec plus de deux cents chevaux, cinq cents piétons, cinq mille et quelquefois plus de dix mille Indiens alliés, il n’a jamais pu les amener au service de Votre Majesté.

Loin de là, ils se fortifient chaque jour davantage et s’adjoignent de nouveaux guerriers. Je crois cependant que si j’étais là, par douceur ou par violence j’en ferais des amis.

J’en ai fait autant dans d’autres provinces qui se révoltèrent à la suite de mauvais traitements ; j’y avais envoyé plus de cent cavaliers et trois cents fantassins avec de l’artillerie et des milliers d’Indiens alliés ; ces troupes ne purent rien contre des habitants exaspérés, ils nous tuèrent douze Espagnols, nombre d’Indiens et la province resta dans le même état qu’auparavant. Je m’y rendis, me faisant précéder d’un courrier ; dès qu’ils apprirent ma venue, sans un instant d’hésitation, les principaux personnages vinrent au-devant de moi. C’était dans la province de Coatlan : ils me racontèrent les causes de leur soulèvement qui étaient des plus justes, car l’Espagnol au service duquel ils étaient affectés, avait fait brûler vifs, huit des notables dont cinq moururent à l’instant et les autres peu de jours après ; et quand ils avaient demandé justice, on la leur avait refusée. Pour moi, j’entrai dans leur peine et les consolai de manière qu’ils se tinrent satisfaits, et qu’aujourd’hui ils vivent en paix et servent avec le même zèle qu’auparavant. D’autres villages de la province de Goatzacoalco qui se trouvaient dans les mêmes conditions firent de même ; en apprenant mon arrivée chez eux ils s’apaisèrent subitement.

Seigneur Très Catholique, j’ai déjà parlé à Votre Majesté de certaines petites îles qui se trouvent situées en face de ce port de Honduras et qu’on appelle Guanajos. Quelques-unes sont désertes