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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/53

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des pierres précieuses et des plumes ; ajoutant que lui et tous les gens du pays étaient fort heureux d’être mes amis et vassaux de Votre Majesté. Moi je lui fis cadeau de diverses choses venant d’Espagne, ce dont il fut très satisfait ; à tel point, que quand arrivèrent d’autres navires de Francisco de Garay (j’en parlerai plus tard à Votre Altesse), le seigneur de Panuco m’envoya dire que ces navires étaient à cinq ou six journées de là. Il me demandait de lui faire savoir si ces gens étaient de ma compagnie, qu’il leur donnerait, dans ce cas, tout ce dont ils auraient besoin. Il m’apprit aussi que ces étrangers leur avaient enlevé quelques femmes, des poules et autres vivres.

Je voyageai, Très Puissant Seigneur, je voyageai trois jours dans la province de Cempoal où les naturels me reçurent de la façon la plus hospitalière. Le quatrième jour j’entrai dans une autre province appelée Sienchimalen, où se trouve une ville très forte, placée dans un lieu d’accès difficile, sur la déclivité d’une montagne à pentes rapides ; l’entrée se compose d’un passage très étroit accessible seulement aux gens de pieds, et presque inabordable, si les naturels veulent le défendre dans la plaine. Il y a de nombreuses fermes et des villages de deux, trois et cinq cents travailleurs, qui pourraient ensemble constituer un corps de cinq ou six mille guerriers. Nous entrions là dans le royaume de Muteczuma ; j’y fus très bien reçu et l’on m’y prodigua les vivres dont j’avais besoin. Les gens me dirent qu’ils savaient bien que j’allais voir Muteczuma leur seigneur ; que je pouvais être sûr qu’il était mon ami, qu’il leur avait donné ordre de me faire la plus cordiale réception et qu’il leur en saurait gré. Je répondis à leur bon accueil, en les assurant que Votre Majesté connaissait leur souverain, qu’il m’avait chargé de lui rendre visite et que je n’étais venu que pour cela. Peu après nous arrivâmes à un défilé de cette province que nous appelâmes Nombré dé Dios, pane que c’était le premier que nous traversions dans cette province. Ce défilé est d’un accès si difficile qu’on n’en saurait trouver un pareil en Espagne. Je le passai sans difficulté. À la descente, je me trouvai au milieu des exploitations rurales d’une ville appelée Ceyconacan qui appartient également à Muteczuma. Nous y fûmes reçus comme à Sien-