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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/91

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déclarés les vassaux de Votre Majesté. Ils ajoutaient que lui aussi se mettait à votre service ainsi que son petit royaume ; qu’il me priait de le croire mon ami, à condition que les cens de Culua ne missent point le pied chez lui et que de toutes les productions de son pays, il paierait le tribut que j’exigerai, pour le service de Votre Altesse.

Je fus très heureux des informations que me donnèrent mes envoyés, sur les pays et le port qu’ils avaient découverts ; car depuis que j’avais débarqué dans cette contrée, je m’ingéniais à en trouver un que je n’avais pu encore découvrir. C’est qu’en effet, il n’en existe pas un seul depuis le fleuve San Anton voisin du Grijalva, jusqu’au fleuve de Panuco sur la côte nord ; là, où certains Espagnols envoyés par Francisco de Garay cherchèrent à fonder une colonie, comme je le conterai plus tard à Votre Altesse. Pour mieux m’édifier sur la valeur du port, les richesses du pays, la bonne volonté des naturels et toutes les choses nécessaires à la colonisation, j’envoyai certaines personnes de mon entourage, ayant de l’expérience dans ce genre d’affaire. Ils s’en furent avec les émissaires que m’avait envoyés le seigneur Tuchintecatl à qui je les avais chargés de remettre divers présents de ma part. Celui-ci les reçut très bien : ils étudièrent de nouveau le fleuve et le port, et examinèrent avec soin les emplacements où l’on pourrait établir des villages. Ils revinrent avec une foule de détails, disant qu’il y avait là-bas tout ce qu’il fallait pour s’y établir : quant au cacique il se montra fort content et plein du désir de servir Votre Altesse. Ayant reçu ces bonnes nouvelles, j’expédiai immédiatement un capitaine avec cent cinquante hommes pour jeter les fondements du village et construire une forteresse. Le cacique avait offert de la construire et se mettait à mes ordres pour tout ce dont nous pourrions avoir besoin : il éleva même six fortins sur l’emplacement choisi pour la colonie et se déclarait très heureux que nous soyons allés nous établir dans son pays.

Dans les chapitres précédents, je vous racontais, Très Puissant Seigneur, qu’à l’époque où je me rendais à la grande ville de Tenochtitlan, j’avais rencontré sur ma route un grand sei-