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vent un bijou ou un porte-monnaie sont jetés pour longtemps dans les cachots ; — les faiseurs d’affaires qui opèrent au grand jour et qui s’approprient adroitement la fortune des autres, sont quelquefois diffamés, mais trop souvent estimés ; — les usuriers qui pressurent honteusement de pauvres insensés et les mènent adroitement au tombeau, sont bien reçus partout, et les femmes qui ruinent, avilissent et tuent, sont adorées comme des idoles.

— Par Bouddha ! m’exclamai-je, la sagesse des lois françaises, sagesse si vantée, serait-elle illusoire ?

Avant de quitter Marseille pour me rendre à Paris, je voulus encore parcourir la ville. Francœur m’accompagna.

— Excellence, me dit-il, ouvrez les yeux, examinez et jugez ! Il n’est pas nécessaire ici d’étudier pendant longtemps les citoyens, pour les connaître à fond. Ils se révèlent aisément. La vie dans notre ville est tout extérieure, tandis qu’à Paris tout se fait en dedans. On descend bien dans la rue pour donner le coup de grâce, mais tout est déjà combiné ou, si vous voulez, amorcé à l’intérieur. Rien de semblable ici. Les Marseillais naissent, vivent et meurent dehors. Ils crient, jurent, chantent, s’assemblent, commercent et font de l’esprit sur la voie publique. Rentrés chez eux, ils sont bons maris et se hâtent de se mettre au lit. Le Marseillais déteste la solitude, le calme l’épouvante, le silence le