Page:Cosnard - Le Sultan bossu, 1863.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 14 —

S’enchevêtraient, chamarrés d’arabesques,
Les grands bossus passés, présents, futurs,
Puis ces héros mal d’aplomb sur leur axe,
Qu’on a chantés, que tout lettré connaît :
Quasimodo, Caliban, Taquinet….
Esope avec le maréchal de Saxe
Se remarquaient à ce grand rendez-vous,
Tohu-bohu de rois, de nains, de fous….
 
L’Etre imposant qu’en ce temple on évoque
Revêt lui-même une forme qui choque.
Il prend un corps bossu, borgne, boiteux,
Triple agrément qui le rend vaniteux.
Il sait douer ceux qui portent son signe,
De bonne humeur, de finesse maligne ;
Voilà pourquoi les gens au B marqués
Vont se montrant spirituels et gais.
 
Fâché qu’Adab quittât la confrérie :
— « Tu valais peu, dit-il, presqu’en furie,
Que mon cachet sacré te distinguât,
Puisque tu crois, ô bossu renégat !
Que ta charpente osseuse est mal montée….
Tu t’es trompé, pauvre esprit sans portée,
Tu le verras !… Lorsque par moi fut fait
Ce talisman de la métamorphose,
Je croyais bien n’en voir jamais l’effet ;
Comment songer que, sot à triple dose,
Quelqu’un des miens aimerait mieux mourir
Que porter bosse…. Eh bien ! pour te guérir