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les voies de l’amour

sa longue lettre, il me racontait tous les plaisirs qu’il avait eus après mon départ de la plage ; il m’énumérait toutes les nouvelles connaissances qu’il avait faites et même ses quelques conquêtes en amour. Sa missive remplissait six grandes pages d’une écriture fine et serrée qui commençait tout au haut de la première page et se terminait tout au bas de la dernière, laissant à peine l’espace suffisant pour y tracer le nom de Jean. On n’aurait pas pu y mettre un mot de plus dans les six grandes pages. Je m’en étonnai un peu parce que je n’y trouvai aucun bon mot pour Andrée ; tout de même je m’en consolai aisément parce que je ne voulais plus croire qu’un autre que moi pût penser à l’objet de mon amour que je voulais à moi seul. J’étais déjà jaloux et je ne montrai pas cette lettre à mon amie de peur de lui rappeler le souvenir de Jean.

« Pendant les derniers jours des vacances, Andrée et moi, nous nous quittions à peine. De bonne heure, le matin, nous nous réunissions avec la plus grande joie comme si nous ne nous étions pas vus depuis longtemps ; le soir, tard, nous nous disions au revoir comme si nous nous séparions pour toujours. Tout le jour nous étions ensemble à parcourir les jardins pour y cueillir des fleurs dont nous composions des bouquets en nous reposant sous les tonnelles. Quand une fleur manquait dans un jardin, nous allions la chercher dans l’autre pour finir