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les voies de l’amour

réal m’ont aidé longtemps à soutenir la lutte ; mais il m’aurait fallu la revoir tous les jours, causer avec elle comme sous les charmilles de nos jardins, lui tenir la main, lui donner quelquefois des baisers pour ne pas succomber un jour à la tentation de la belle jeune fille. Hélas ! Andrée était loin, et quand je pensais le plus à elle, quand je lisais ses lettres, quand je lui écrivais mes missives les plus sentimentales et que j’aurais voulu être seul avec elle au moins en esprit, l’aînée des deux jeunes filles entrait furtivement dans ma chambre, et, s’approchant cauteleusement de ma table ou de ma chaise, elle déposait devant moi une rose, un œillet, une assiette de friandises. Cette jeune fille était le démon de la tentation ; elle en avait toute la beauté et tous les attraits, et surtout tout l’acharnement ; goutte à goutte, mon amour pour Andrée se fondait au feu que cette jeune fille allumait, à la flamme de ses yeux ardents, aux effluves qui se dégageaient de toute sa personne. Longtemps je restai sourd à ses insinuations voilées. Pendant longtemps je feignis d’ignorer ses entrées et sa présence dans ma chambre ; mais, hélas ! elle avait la constance et la persistance de la tentation qui ne s’évapore qu’à la chute de la victime. Pendant longtemps je restai sourd à ses questions insignifiantes ou je n’y répondais que par des monosyllabes polis. Pendant longtemps je n’osai la regarder en face, je craignais son regard hypnotiseur. Elle avait