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les voies de l’amour

aller à l’hôpital nous initier à la pratique des pansements et à l’examen plus libre des malades. Nous demandons au sympathique docteur Joyal, interne-en-chef du vieil hôpital Notre-Dame, le privilège d’entrer dans les salles de l’hôpital, de voir et d’examiner les malades. La permission nous fut gracieusement accordée, et le docteur Joyal, dont j’ai toujours gardé le meilleur souvenir, parut même prendre un réel plaisir à nous initier aux premiers secrets de l’art de la médecine.

« Un dimanche matin, quelques jours après notre entrée à l’hôpital, le docteur nous fit appeler pour assister à une autopsie. Nous nous rendons à l’hôpital et nous descendons tous les trois, le docteur, mon frère et moi, vers les caves, à travers deux escaliers étroits, sombres, aux marches usées et gluantes. Pour ne pas glisser et nous tordre le cou, nous nous accrochons aux aspérités du mur dégradé où nos mains ne rencontrent que des moisissures infectes et malodorantes. Le dernier escalier aboutit à un petit couloir bas et obscur dont les murs décrépits suent à grosses gouttes. Le docteur pousse une lourde porte en bois noircie par le temps et l’humidité. Il semble que nous allons pénétrer dans quelque caveau ou dans des oubliettes où des cadavres rongés par les rats et des squelettes blanchis par les années sont encore attachés à de grosses chaînes rouillées, scellées aux murs par des anneaux puissants. Nous