Très souvent le midi ou le soir, lorsque nous montions dans nos chambres après le repas, nous avions l’agréable surprise d’y trouver un surplus de dessert ; des pâtisseries alléchantes, des bonbons de choix, des fruits aux couleurs éclatantes, et quelquefois, oh ! pensée délicate ! une rose ou un œillet. Avant de toucher les friandises, je prenais la rose ou l’œillet d’une main, le fruit de l’autre ; je les contemplais tour à tour ; j’en aspirais l’odeur exquise et je me disais : Ô ma Lucille, ton sourire est plus séduisant que toutes les roses et tous les œillets ; ton parfum est plus suave que celui de toutes les fleurs ; tes joues sont plus belles et plus fraîches que toutes les plus belles pêches. Que n’es-tu ici, ma Lucille, à ton sourire je répondrais par un sourire et un baiser ; et tes belles joues, je les croquerais à belles dents pour en goûter le velouté et la fraîcheur qui me semblent meilleurs que ceux de tous les fruits de la terre.
« À la fin de notre première année de cléricature, Jean aimait-il réellement Béatrice ? l’avait-il jamais aimée ? ou n’était-elle pour lui qu’un simple passe-temps, un jouet, la couverture qui cache un amour secret, ou l’image devant laquelle on se prosterne aux yeux des autres pour laisser ignorer la vraie idole qu’on adore ? Jean était flirt, viveur, cependant il paraissait aimer sincèrement Béatrice qu’il comblait de cadeaux toujours à mes dépens. En effet il était très généreux, grand em-