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les voies de l’amour

ressemblance. Sa face, c’était une pleine lune ; sa tête, un gros globe enfoui, sans col, entre le dos et les épaules. Quel globe ! surmonté d’un panache épais, ombragé d’une forte moustache qui cachait une bouche d’où pouvaient sortir les éléments de toutes les sciences et de tous les arts, percé de deux trous de vrille qui permettaient au cerveau de tout inspecter. Et quel cerveau ! Une boîte immense aux tiroirs sans nombre qui avaient emmagasiné tout ce qu’un homme peut apprendre. Et quelle mémoire ! « Monsieur, disait-il à tel élève qui se présentait aux examens, vous n’avez pas assisté à tel cours, veuillez me répondre à telle question que j’ai expliquée pendant ce cours ». Autre fait remarquable, il dictait toujours son cours par cœur d’une année à l’autre ; toujours les mêmes phrases, toujours les mêmes mots et, chaque matin, il commençait par la dernière phrase du cours de la veille. Ai-je besoin d’ajouter un dernier coup de pinceau à ce tableau pour bien décrire le professeur ou l’homme omniscient, professeur de physiologie à l’Université, professeur de mécanique, d’électricité et de mathématique à l’école polytechnique, professeur à l’école normale de je ne sais quoi, organiste à l’Église St-Jacques, docteur en médecine, vieux garçon, etc., etc. ? Tel était Duval qui, en plus d’être célibataire, n’avait qu’un tout petit défaut, ah ! tout petit, petit. Il ne se servait jamais de la brosse ou du torchon pour essuyer le tableau noir.