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les voies de l’amour

arbrisseaux et les taillis qui ressembleront à des squelettes grelottants, et quand l’hiver étendra son manteau blanc sur les allées et les plates-bandes de nos jardins, je pleurerai sur toi comme l’on gémit sur une tombe. »


« Pauvre Andrée, quand elle me parlait ainsi, elle retenait ses larmes, elle étouffait ses soupirs, mais sa voix avait des accents touchants et j’étais tenté de la prendre dans mes bras, de l’enlacer, de la couvrir de baisers. Pourquoi ne l’ai-je pas fait ? Je ne pus dire un seul mot tant j’étais oppressé. Elle me regarda avec des grands yeux suppliants. Ses longs cils palpitèrent quelques instants comme de petites ailes, puis je vis de grosses larmes couler sur ses joues pâles et amaigries. Elle me tendit sa petite main moite, me dit adieu d’une voix déchirante et se sauva comme effarouchée de m’avoir ouvert son cœur. Elle rentra chez elle sans se retourner. La porte s’était refermée comme celle d’un coffre-fort sur le trésor que j’avais perdu. Je restai longtemps là, les pieds cloués au sol. J’avais vu la silhouette de ma pauvre Andrée disparaître en un vol rapide et je pensais tristement à toutes les choses qu’elle m’avait dites, à son amour que le désespoir n’avait pu déraciner de son cœur, que le chagrin et les pleurs avaient encore fortifié. En ce moment de gros nuages noirs s’amoncelaient dans le ciel et passaient devant la lune en projetant de grandes