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les voies de l’amour

plaisir et cordialité que le vaincu félicitait le vainqueur. Nous nous aimions autant que deux frères peuvent se chérir. Jamais la moindre animosité n’a existé entre nous. Le bonheur et les succès de l’un faisaient la joie de l’autre ; la tristesse de l’un chagrinait l’autre. Nous étions unis pour ainsi dire sous le régime de la communauté de biens. Les friandises, que nos parents nous apportaient les jours de congé se partageaient toujours par parts égales. Sur ce point j’étais plus favorisé que mon compagnon, car ses parents, plus à l’aise pécuniairement, lui apportaient les bonnes choses que la médiocrité de mes parents ne pouvaient m’offrir ; cependant mon ami ne mesurait jamais, ne comparait jamais. Il était toujours heureux d’accepter la petite moitié que je lui offrais de bon cœur ; il était encore plus content de m’en donner plus sans étalage d’orgueil et de fierté.

« Lorsque nous fûmes rendus dans les dernières classes de notre cours classique, mon condisciple recevait souvent au parloir la visite d’une jeune amie qui venait avec ses parents. Cette jeune fille était une véritable beauté que tous les élèves aimaient sans la connaître. La voir c’était la chérir. Aussi les jours de congé, vers les quatre heures, après la promenade, les jeux n’avaient plus d’attraits chez les grands, qui feignaient la fatigue pour s’asseoir sur les bancs près des fenêtres sous lesquelles la petite beauté devait passer pour entrer