Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
les voies de l’amour

Je lui donnais cent excuses pour la faire patienter, lui disant entre autres raisons que le cocher, qui nous avait conduits le matin, devait, après les réparations faites à sa voiture, nous reprendre à telle heure, à tel restaurant où nous devions forcément l’attendre. Dans le courant de l’après-midi, nous entrâmes de fait dans un restaurant, et nous nous installâmes dans une chambrette ou plutôt dans une de ces stalles privées où les amoureux et les amants se complaisent non pas tant à manger qu’à boire et se faire l’amour. Le murmure des conversations galantes et le choc des lèvres qui rencontrent les lèvres nous parvenaient facilement à travers les cloisons minces et peu élevées des stalles. Je voulus imiter nos voisins, faire mes déclarations d’amour que je retenais depuis si longtemps, prendre ma compagne par la taille et lui donner le baiser qui devait sceller notre premier pas dans la voie de l’amour. Honnête jeune fille ! son amour n’était pas pour moi. Elle repoussa mes avances effrontées avec indignation et s’enfuit comme une biche blessée. Je m’élançai sur ses pas et ne pus la rejoindre qu’au moment où elle montait dans un tramway pour revenir auprès de ses parents. Je cherchai à calmer ses craintes et sa colère ; je lui fis mille excuses de ma hardiesse impardonnable, de mon étourderie ; je lui demandai mille pardons ; je m’humiliai ; je me traitai de goujat ; je lui promis le repentir le plus sincère si elle voulait oublier