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les voies de l’amour

des eaux semblables à du plomb fondu. Seules les tonnelles l’attiraient parce que leur demi-obscurité ressemblait à sa tristesse. Elle y versait des larmes abondantes au souvenir des joies qu’elle y avait éprouvées.

« Je cherchais à la consoler, dans mes lettres qui prenaient petit à petit un caractère plus intime et même plus sentimental, auquel elle paraissait s’habituer. Je lui conseillais les voyages qui changent souvent les idées dissipent la tristesse et apaisent les peines du cœur. Je l’invitais de venir chez ses parents à Montréal où je lui procurerais toutes les distractions que ma sympathie et mon amitié me suggéreraient pour son bonheur. J’avais même écrit à ses parents sur la nécessité de l’éloigner du milieu où tant de souvenirs affectaient son esprit et sa santé. Je reçus comme réponse l’invitation d’aller passer quelques semaines pour essayer de la distraire. Je fus reçu avec joie par les parents, et la jeune fille me montra beaucoup d’égards. Elle parut moins triste au bout de quelques jours, et parfois un léger sourire errait sur ses lèvres décolorées. Parfois quand nous nous promenions dans les allées du jardin, elle s’arrêtait devant certaine plate-bande où l’on voyait sortir les premières tiges du printemps, et elle me disait : « ici je semais les plus belles fleurs, celles qu’il aimait tant, mais maintenant qu’il ne vient plus je laisse à la nature le soin d’y faire germer ce