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les voies de l’amour

s’achevait et nous étions partis de bonne heure le matin. Moi, je ne me sentais aucun appétit. Je désirais seulement partir au plus tôt. Il m’entraîna dans un de ces restaurants louches dont la façade tout honnête, toute sévère ne laisse rien soupçonner du sans-gêne et même de la débauche de l’intérieur. Nous étions dans une chambrette à demi-cloisonnée, où nous entendions des discours épouvantables et assistions presque à des scènes scandaleuses. Je sentais sa main sur le dossier de ma chaise ; elle s’y glissait furtivement. J’en percevais la chaleur dans mon dos. Des frissons de dégoût m’horripilaient. Tout à coup il me saisit par la taille et allait mettre sur ma bouche ses lèvres voluptueuses, quand je le repoussai dédaigneusement et me sauvai en bousculant la table et les chaises et peut-être des clients du restaurant, car je ne voyais plus rien ; j’étais affolée. Je sautai dans un tramway qui passait. Il me suivait. Durant le trajet de retour, il me demandait mille pardons de sa folie momentanée. Il inventait mille raisons pour s’excuser. Oh ! l’infâme, que je le détestais ! Pourquoi ne t’ai-je pas tout avoué de suite ? que de malheurs j’aurais évités ! que de souffrances je me serais épargnées ! J’aurais conservé intact tout ton amour. Ô ! mon Michel ! tu ne sais pas ce que j’ai souffert alors, et longtemps après, et ce que je souffre encore aujourd’hui au souvenir de cette infamie. Pourquoi donc ne