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les voies de l’amour

« Quand je te voyais, je cherchais tes yeux, mais jamais tu ne voulais me regarder. Si tu avais seulement osé regarder dans mes yeux, y lire mon amour, ma passion, tu me serais revenu. Avais-tu peur de succomber à la tristesse de mes yeux humides ? Tu ne revenais plus dans notre village ou je ne t’y voyais plus quand tu y venais si rarement.

« Michel, peux-tu comprendre ce que j’ai souffert auprès de cet hypocrite, quand je te voyais au bras de cette fille qui semblait me narguer ? Ton ami n’arrangeait-il pas par méchanceté ces rendez-vous où il me menait te voir dans l’unique but de te faire abhorrer ? Oh ! mon Michel, rien ne pouvait me détourner de toi. Mes pensées étaient toujours à toi. Je ne rêvais qu’à toi le jour et la nuit. Moins je te voyais plus je t’aimais. La méchanceté de ton ami et ton insouciance décuplaient la force de mon amour. Ton oubli aiguisait mes sentiments pour toi. Et cette jeune fille que tu semblais tant aimer, je ne la détestais pas tant parce que je ne désespérais jamais qu’un jour tu m’aimerais plus qu’elle. Elle n’était que l’étincelle qui allumerait, que le souffle qui aviverait un jour un plus grand incendie dans ton cœur, qui ne se consumerait plus alors que du plus ardent amour pour moi. Je t’ai aimé comme personne n’a jamais encore aimé, et je ne pouvais croire un seul instant qu’un tel amour ne pût vaincre le monde s’il l’avait voulu. Je