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les voies de l’amour

jeter à ses pieds, à les baiser, à boire ses larmes, à lui redemander le pardon qu’elle m’avait déjà accordé ? Accuser deux fois une faute, n’est-ce pas s’humilier plus profondément ? sentir doublement toute la gravité de l’offense ? C’était à moi, qui l’avais oubliée si cruellement, de demander et de redemander le pardon. Après quelques instants de silence, de recueillement, Andrée me sourit agréablement et me donna ses deux petites mains que je baisai follement.


« Pauvre petite Andrée, Andrée chérie, lui dis-je, tu ne me détestais donc pas, tu ne me méprisais donc pas, malgré tout le chagrin, toute la douleur que je te causais et tu m’aimais quand même ». — « Oh ! mon Michel, je t’ai toujours aimé ; pas un seul instant je n’ai cessé de t’aimer, de te chérir. Pouvais-tu croire que je ne t’aimais plus quand tu voyais mes yeux ternes s’ombrer d’une grande tache bleue qui envahissait mes joues creusées par le chagrin et le désespoir ? quand tu ne voyais plus de sourire sur mes lèvres exsangues ? quand ma démarche languissante semblait implorer le soutien de ton bras, un tout petit espoir dans ton regard, et un tout léger soupir de ton cœur qui m’eût semblé un mouvement de compassion sinon d’amour. Juge comme je t’ai aimé pour ne pas t’avoir oublié même quand tu paraissais me mépriser. Oh ! si tu avais entendu mes