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les voies de l’amour

endurées, des chagrins qu’elle avait éprouvés. La coupe du malheur, malgré son amertume, n’avait pas complètement effacé le sourire sur sa bouche délicate. Elle ne ressemblait plus à une Vénus ardente ; ses joues s’étaient creusées et son sein affaissé, mais ses grands yeux noirs brillaient entre des cils longs et soyeux ; ses sourcils épais et bruns contrastaient agréablement avec son abondante chevelure châtain clair qui paraissait amollir l’oreiller sur lequel reposait sa tête fatiguée : le feu de la fièvre brûlait ses joues et donnait à leurs pommettes ces couleurs ardentes qu’on voit le soir au coucher du soleil après une journée chaude ; sa main diaphane, étroite, aux doigts longs et effilés, disait la grandeur de sa naissance. Il se dégageait de l’ensemble de ses traits et du jeu de sa physionomie quelque chose de si noble, de si digne et de si beau, que nous aimions tous cette petite Française qui nous inspirait une si grande pitié en plus. Sa vue seule était suffisante pour nous retenir longtemps auprès d’elle. Mais quand, aux charmes qui se répandaient autour d’elle, se joignaient la douceur de sa voix, la cadence de ses paroles, l’harmonie de son langage et son accent tout parisien, nous étions subjugués et nous n’entendions plus et ne voyions plus notre professeur qui parfois détournait la tête pour essuyer furtivement une larme qui perlait au bord de sa paupière. Nous avions vu d’autres malades, d’autres