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les voies de l’amour

discutaient des clauses du contrat. Ma mère écoutait distraitement les arrangements. Andrée et moi, dans l’embrasure de la fenêtre, et parfaitement indifférents à la discussion, nous formions des projets d’avenir.

« La cloche de la porte a tinté. La bonne ouvre. Et sans être annoncé, un monsieur de belle taille, aux cheveux gris, pénètre dans le salon. J’accours à sa rencontre et, le conduisant près du groupe autour de la table, je le présente à voix basse pour ne pas être entendu d’Andrée à qui j’ai réservé une grande surprise. Andrée, restée dans l’embrasure de la fenêtre, n’a pas encore reconnu le monsieur qu’elle n’a vu que de dos. Nous tenant par la main, le monsieur et moi, nous nous avançons vers Andrée toujours immobile dans sa chaise à demi cachée par les épaisses tentures. Tout en face d’elle, le monsieur, mettant un genou en terre, saisit le bas de la robe d’Andrée qu’il porte à ses lèvres comme une relique de sainte.

« Oh ! non, Jean, dit-elle ; relevez-vous ; prenez ma main et tirez mon horoscope ; vous êtes le chiromancien que j’attendais depuis longtemps. Asseyez-vous là… Bien… Voici ma main.

« Jean, car c’était bien Jean Roy, à cette voix si douce, si caressante, fut touché jusqu’au tréfonds de son cœur et de son âme. Ses yeux s’embuèrent. Il se sentait pardonné, réhabilité. Il prit la petite main