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les voies de l’amour

sant avec rage la neige qui s’amoncelait en bancs énormes à de certains endroits dans le chemin. La nuit devint d’une noirceur d’encre et la poudrerie de plus en plus aveuglante. Andrée, effrayée par la tempête qui ne cessait de gronder, et craignant qu’il ne m’arrivât quelque accident, ne voulut pas se mettre au lit avant mon arrivée. Elle prépara une infusion de thé noir pour réchauffer mes membres certainement transis par le froid et l’humidité. Elle bassina le lit et activa le feu dans le gros poêle à fourneau. Puis elle prit sa corbeille à ouvrage de fantaisie et vint s’asseoir près de la fenêtre, tout contre la table sur laquelle elle déposa la lampe sans abat-jour, pour que des rayons plus brillants pussent traverser le givre attaché aux vitres et guider plus facilement celui qu’elle attendait avec tant d’anxiété et d’impatience.

« Les heures passaient et ma pauvre Andrée combattait difficilement le sommeil. Ses paupières s’alourdissaient ; sa tête s’inclinait et se relevait par soubresauts. Il était tard, très tard, quand le mari de ma patiente, conduisant avec difficulté son cheval fatigué et couvert de frimas, nous déposa à la porte de ma demeure que j’ouvris tout doucement pour ne pas éveiller mon Andrée chérie que je croyais endormie dans son lit sous les couvertures bien chaudes. Nous pénétrâmes à pas de loup dans le boudoir pour en éteindre la lampe fumeuse.