Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
les voies de l’amour

La jeune fille s’avançant timidement, Michel Toinon se leva : « Mes amis, dit-il, je vous présente Andrée, ma fille unique, la divinité de ma maison. »

« Regardez ma fille, c’est le dernier reflet d’un beau soleil couchant qui n’a plus eu d’aurore ; plus tard je vous expliquerai cette énigme. Ma fille c’est l’étoile qui brille dans ma nuit éternelle. Elle est la vie de ma maison, la lumière de mes yeux, l’oreille de mon cœur. Sans elle je ne voudrais plus vivre ; non je ne vivrais plus. À l’aurore c’est sa voix que je veux entendre comme autrefois son gazouillement quand les premiers rayons du soleil se jouaient sur son petit lit entre ses doigts roses. Pendant le jour, c’est elle et toujours elle que je veux voir et entendre parce qu’elle est l’image d’une disparue qui vit toujours en elle. Le soir quand sa tête blonde repose sur l’oreiller tout blanc, c’est sa bouche vermeille que je baise tendrement en souvenir du rosier sur lequel elle a fleuri. Regardez ma fille ; voyez ce beau visage d’enfant et regardez tout ce qu’il y a cependant de maternel dans la profondeur de ses yeux si doux. Si vous pouviez compter les pulsations de son cœur vous comprendriez qu’on ne puisse être triste près d’elle. Plus gaie que les rayons du soleil, elle éclaire la vie de son père qui s’éteindrait sans elle. Plus douce que le zéphir elle tempère la mélancolie. C’est une fée dont la baguette magique métamorphose les chardons en roses moussues. »